« Ce saule-là je l’aime, comme un homme.
Est-il tordu, troué, souffrant et vieux !
Sont-ils crevés et bossués, les yeux
Que font les nœuds dans son écorce !
Est-il frappé dans sa vigueur et dans sa force !
Est-il misère, est-il ruine,
Avec tous les couteaux du vent dans sa poitrine,
Et, néanmoins, planté au bord
De son fossé d’eau verte et de fleurs d’or,
À travers l’ombre et à travers la mort,
Au fond du sol, mord-il la vie, encor !
Un soir de foudre et de fracas,
Son tronc craqua,
Soudainement, de haut en bas. »
Émile Verhaeren (1855-1916)