Extrait et illustation provenant du livre de Dominique Mansion : "Les trognes, l'arbre paysan aux mille usages" Editions Ouest-France
"Quelle horreur ces arbres mutilés !" C'est bien ainsi que la majorité de nos concitoyens considèrent aujourd'hui les trognes, émondes, saules têtards et autres têteaux qu'ils voient dans nos paysages ruraux ou urbains. Réaction bien naturelle dans une société où l'arbre est d'abord devenu sujet d'ornement et de loisir, confié aux professionnels du paysage ou aux gestionnaires de la forêt. L'arbre paysan qui, pendant des siècles, a offert sa ramure pour la subsistance de millions de personnes est un mal-aimé. Ses formes tourmentées et noueuses dénotent face à la noblesse de l'arbre forestier au tronc élancé et lisse ; ses bourrelets disgracieux dérangent, sa beauté sauvage, silhouette animale ou humaine, inquiète. À l'ère de la taille douce, il s'oppose aux canons arboricoles actuels. Et pourtant, les trognes figurent parmi les plus vieux arbres d'Europe, comme si leur taille régulière et sévère prolongeait leur existence au lieu de l'abréger. Formidables réserves de biodiversité, marqueurs des paysages ruraux et urbains, "centrales" à production renouvelable...
Mais qu'est-ce qu'une trogne ? La trogne est un arbre taillé périodiquement à la même hauteur pour produire durablement du bois, du fourrage ou des fruits... Ce n'est pas l'essence de l'arbre qui fait la trogne, mais sa taille régulière. Entre le têtard", dont la coupe s'effectue principalement au sommet, et l'émonde, où elle a lieu surtout latéralement, il existe une multitude de combinaisons: une trogne peut avoir plusieurs têtes », plusieurs troncs, plusieurs bras...
Dominique Mansion
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